Rosiers de cimetière

Je suis passée aujourd'hui dans le cimetière entourant l'église d'un petit village.
Je n'avais pas prévu d'y découvrir des rosiers sur des tombes anciennes.
J'y retourne normalement demain, j'ai bien envie de prélever quelques branchettes...(je n'avais pas de sécateur avec moi).

Les voici :

Rosier 1
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Un centfeuilles ?
Les fleurs fanées sont encore sur les tiges, je n'ai pas vu de fruits.


Rosier 2
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Celui-ci a de petits cynorrhodons...


Rosier 3
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Celui-ci est remontant et porte de petites fleurs blanches...

D'heureuses trouvailles que l'on aimerait voir plus souvent.
Les rosiers 1 (gallique) et 2 (damas ?) semblent très intéressants, à multiplier, puis identifier. Boutures en octobre et collecte de drageons en novembre seront les clefs pour les dupliquer avec succès. Sont-ils associés à d'anciennes sépultures ? Il faut bien analyser le contexte funéraire adjacent : ils ne sont surement pas là par hasard.

Le rosier 3 est un polyantha classique mais non dépourvu de qualité, je penche pour 'Yvonne Rabier'.

De nos jours en France, les cimetières conservant des sépultures du XIXe - début XXe siècle, et toujours nantis de rosiers plantés originellement (et surtout rosiers anciens non remontants), deviennent rares, de plus en plus rares.
On détruit tout (chapelles, vitraux, cippes, stèles, clôtures, ferronneries, etc.), on goudronne ou bétonne. Aussi chaque année, la fonte s'accélère toujours plus et il y a urgence à agir (par initiative personnelle évidemment).
Sur 40 cimetières que j'ai visité en Sarthe en 2022, seulement deux avaient encore des vieux rosiers XIXe.

Je n'avais pas trop de temps malheureusement mais les stèles enfouies semblaient anciennes (voire cassées), j'essaierai de regarder si les dates sont lisibles.
Sur la 2e, il semble qu'elle soit à l'abandon, j'ai aperçu un petit panonceau.

Si j'essaie de commencer à prélever des tiges pour bouturer maintenant, vous pensez que c'est un peu tôt ?
Ce serait mieux que je retourne en octobre ? Je peux, ce n'est pas trop loin de chez moi.
Quant à prélever des drageons, je n'ose pas trop.
Ne risque-t-on pas de me demander de quel droit je fais ça ?

Quoi qu'il en soit, j'irai les revoir en mai pour voir la floraison.

Le panonceau indique certainement que la concession va être reprise prochainement pour laisser place à une nouvelle sépulture.
C'est hélas le cas pour les anciennes perpétuelles en mauvais état, comme il n'y a plus de descendants pour assurer l'entretien, les communes récupèrent les emplacements.

Les prélèvements dans la second quinzaine d'octobre, cela fonctionne bien en général.
Pour les drageons, pas de scrupules à avoir sur le politiquement correct de la chose (sinon on regarde les choses partir sans rien faire = immobilisme).
En fait, la plupart des gens (99,9%, dont les agents communaux) s'en fichent complètement des rosiers anciens (savent-ils seulement que cela existe, et leur intérêt patrimonial ?). Après de bonnes pluies en automne, cela sera facile de les prélever.

L'idée de base dans ce contexte est de sauvegarder ce qui risque d'être détruit à tout moment, car le temps presse... J'ai eu beaucoup de regrets par le passé avec des "ah, mince si j'avais su"...
Après l'art et la manière évidemment de pratiquer juste ce qu'il faut de prélèvements sans trop dégrader, en restant discret.
Mais le résultat en vaut souvent la peine, surtout s'il s'agit de cultivars anciens disparus du commerce depuis longtemps.
Notre collègue M. Cyrille du forum, a sauvé ainsi de pures merveilles. Sans ses efforts, bien des trésors se seraient éteints à jamais.

Comme prévu, je suis retournée sur les lieux aujourd'hui.
Les deux premières sépultures sont à l'abandon (panonceaux).
L'accès au pied est compliqué (les rosiers recouvrent tout), mais rien n'est lisible sur les stèles.
La première est brisée, sur la 2e il faudrait peut-être gratter les mousses, lichens et autre lierre, mais je ne peux pas me glisser sous le rosier.
Sur la 3e en revanche qui semble plus récente (celle d'Yvonne Rabier), la plaque sous le rosier est lisible et indique la date de 1935.

Je retournerai en octobre, mais j'ai quand même ramené une petite moisson :
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Ça trempe, je m'occupe de planter tout ça demain.

Bien joué, cela en attente des drageons en novembre après les pluies.
Pour le bouturage en pleine terre et ou en pot, vu le climat en ce moment, je conseillerais plutôt d'enlever toutes les feuilles, pour que les prélèvements ne se dessèchent pas.

J'ai fait les repiquages en pleine terre aujourd'hui.
Dans un coin du jardin à l'ombre, et j'ai ôté 90% des feuilles. J'ai copieusement arrosé.
Ne reste plus qu'à attendre...!

Le polyantha étant affamé, donc fleurs incomplètes pourrait aussi être un Katharina Zeimet ou Sorcière des Neiges (en français puisque c'est une variété allemande). Bravo

Le second me fait penser à un Alba.

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Rosier n°3 (le polyantha) semble en bonne voie...

Pour les deux autres, c'est plus difficile, il y a eu beaucoup de déchets. Je garde espoir pour 2 ou 3 tiges encore vertes.

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N°2

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N°1

Les drageons reprennent bien. J'en ai prélevé cet après-midi. Histoire à suivre de près !

Des nouvelles des boutures :

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Rosier N°3 : c'est bien parti (même si je trouve certaines feuilles un peu jaunes). J'ai arrosé à l'anti-chlorose la semaine dernière. La photo est du 10 mars

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Ça c'est du jour. Il s'agit du rosier N°1.
Au moins deux boutures sont bien parties, d'autres sont encore vertes mais sans feuilles. A suivre...

Pour le rosier N°2, rien n'a repris.

Je retournerai le mois prochain sur place pour essayer de les voir en fleurs !

Bravo pour ce sauvetage ! J’espère que tu parviendras à multiplier numéro 2.

Félicitations pour la bonne reprise de tes boutures
Cela fait toujours plaisir à voir

Une des boutures du rosier n°3 prépare une tige florale !
Je n'ai pas le cœur d'ôter les boutons :
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Une très belle reprise avec un superbe feuillage

J’ai déjà lu sur des blogs, entre autres, qu’il était recommandé, à propos d’un jeune rosier, de sacrifier la première saison florale afin de favoriser le bon développement racinaire futur de la plante.
Mais d’où provient une telle recommandation ???

Sauf erreur de ma part, nul part, dans la bibliographie ancienne ou moderne, une telle pratique est mise en avant.

Alors, sans aucun scrupules, Axonaise, profite bien de la première floraison de ta bouture    

J'ai aussi tendance à laisser la première floraison (au moins une fleur représentative) pour confirmer que mon étiquetage de bouture est le bon! Un mélange est si vite arrivé...

J'avais décidé ce matin de retourner au cimetière où j'avais prélevé mes boutures en septembre dernier.
Je suis DÉ-GOÛ-TÉE, mais vous n'imaginez pas à quel point...
Je rentre, et... je ne reconnais pas les lieux. Où est passé le rosier n°3 ?
J'avance, je vais au fond (où se trouvaient les n°1 et 2), et là, désespoir total : toutes les tombes anciennes sur lesquelles ils poussaient ont été entièrement supprimées.
Reste des espaces nus, et du sable.
J'ai rencontré une dame qui m'a vue toute perdue et stupéfiée, on a discuté et elle m'a expliqué que tout avait été enlevé et arraché sans ménagement. Elle aussi avait été choquée, ces rosiers auraient pu être replantés ailleurs !
C'est consternant.

C’est partout pareil, quel que soit le domaine : faisons table rase du passé.
Il paraît que c’est la marche en avant du progrès.
Après, ce sera notre tour car nous ne serons plus suffisamment rentables.

Ce que j'avais prédit s'est hélas encore réalisé…
C'est donc pour cela qu'il ne faut pas d'états d'âme, ni attendre ou tergiverser dès que l'on trouve de rares vieux rosiers.
Dès que je vois, je n'hésite pas à extraire immédiatement des drageons (lorsque c'est le cas), ou à prélever au maximum. Le bouturage peut être incertain, et tout le monde n'a pas l'équipement ou la main verte (moi le premier, vu mes échecs).
Et qu'importe les avis de ceux qui dans le cimetière en voyant tireraient une tronche en biais.
J'ai déjà sauvé des rosiers de la sorte, récemment un hybride de moschata sur une tombe des années 1930. Prélevé en novembre, disparu en février...

Callimarcio27 a écrit:

Et qu'importe les avis de ceux qui dans le cimetière en voyant tireraient une tronche en biais.

C’est exactement cela

J'ai déjà eu aussi le désagrément de ne plus retrouver certains rosiers magnifiques qui gênaient en rien mais qui probablement demandaient peut-être un peu d'entretien.
Alors on élimine drastiquement et c'est sensé faire plus propre. "Pater, dimitte illis, non enim sciunt quid faciunt."
Ne quittez jamais votre sécateur en visitant un cimetière.

danielm a écrit:

Ne quittez jamais votre sécateur en visitant un cimetière.

Voici une belle citation qui est tellement vraie! La traduction en latin?
En ce qui concerne les boutures et prélèvement, je n'ai aucune honte à le faire immédiatement. J'aurai trop peur de perdre ce qui m'a attiré l'oeil. Dans notre monde jetable, tout disparaît si vite!

C'est un carton plein pour les boutures du rosier n°3, elles sont toutes prises et plusieurs fleurissent :
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Apparemment celui-ci était très facile à bouturer, contrairement aux deux autres (quelle misère qu'ils aient disparu)...