Souvenir des Enfants Bénéteau. Cyrille Albert vers 2008

‘Souvenir des Enfants Bénéteau’.

Semis de ‘The Fairy’ X ‘Fête des Mères’. Vers 2008. Cyrille Albert.

Polyantha issu d’une hybridation manuelle et de mes premiers semis.

Rosier normalement nain, mais, comme les autres semis donnés, cela avait donné des rosiers aux tiges très fines, végétation et roses très petites, mais culminant quand même, avec une extrême vigueur, à 2 mètres de hauteur ! Ne sachant pas où le mettre, je l’avais planté au pied d’un lilas, et entre un énorme hortensia, et toujours dans l’ombre. Cela ne l’a jamais dérangé pour croître et fleurir continuellement, même sous la canicule. Il n’y a que chez moi, mis dans un coin, archi sec, qu’il ne se développe pas bien, et a besoin d’arrosages, pour ne pas attraper de maladies, alors que le pied mère est indemne ! Il n’y a d’ailleurs pas que ce pied qui végète dans ce coin de terre trop sec, les autres font de même. Aucun parfum, ou alors léger, il faudrait l’avis d’un nez autre que le mien, qui est défaillant. Feuilles par 5 à 7 folioles, de forme ovale, la dernière peut être ronde. Pétiole très fin, légèrement creusé d’un canal blanc. Stipule à oreilles étroites, pectinées, et gorge verte. Elles naissent rouges.

La fleur est portée par un corymbe pouvant contenir des dizaines de boutons. Les intersections du corymbe portent une large stipule, dentée, parfois très développée en fausse feuille. Calice rond et court, bouton pyramidal, sépales courts et pointus. Fleurs d’un blanc pur, doubles, en coupes plates. Elles peuvent atteindre 4 cm de diamètre, souvent moins. Pétales du cœur chiffonnés et incurvés, laissant paraître quelques étamines dorés.

Baptisé en souvenir des enfants Bénéteau. Lointains parents, qui en leurs temps, étaient à la fois voisins, amis et proches parents, de mes aïeuls, au village de Granzay, dans les Deux-Sèvres. C’est en 2016, en effectuant des recherches, au cimetière, que je suis tombé sur l’alignement des caveaux. 140 ans après les événements, l’ensemble avait souffert des outrages du temps : pierres brisées, penchées, rongées, ornements détruits. Ce qui m’avait surtout intrigué, c’étaient les longueurs de textes gravés. M’y approchant, je pu lire des paroles qui me touchèrent particulièrement. Je me suis dit qu’il eut été bon de faire quelque chose, pour les sauver. Plus tard, en cherchant dans les archives en ligne, je trouvais les dates manquantes sur la pierre, et par la même occasion, un lien familial qui m’échappait depuis 20 ans. C’était donc ici, que l’histoire paternelle avait commencée. Et en cherchant encore, je m’aperçus, avec surprise, que les deux familles étaient parentes (depuis plusieurs générations, et ce de façon complexe !), et voisines, la maison étant seulement séparée en deux. L’aïeul était parrain des uns, et inversement, en même temps, garde champêtre de la paroisse, il avait donc vécu les événements de près. Les époux Bénéteau avaient perdu presque tous leurs enfants jeunes, et avaient fait graver leurs paroles, sur la pierre, comme s’ils eussent été présents ! Une fois tous les éléments réunis, il ne manquait plus qu’à faire un dossier, à la mairie, pour demander une autorisation de travaux. Rendez-vous pris, avec l’adjointe du maire, occasion de débattre de l’affaire, de vive voix. Ayant été préoccupé par les panonceaux indiquant la reprise des concessions, pour cause d’abandon, on me rassura, en me disant qu’il n’avait jamais été question de détruire l’ensemble, jugé remarquable, mais qu’on attendait avec espérance, qu’une personne de la famille vint se présenter pour y effectuer des travaux. ! A cela il faut rajouter, qu’il y a trois autres caveaux, juste devant, qui ont été réservés par un habitant du bourg, descendant de l’un des autres parents. Un personnage peu commode. Et bien soit, je lui ai laissé le soin de redresser ses pierres. !

Les travaux ont été étalés sur l’année 2017, ce qui ne fut pas simple, ne trouvant pas de maçon intéressé… J’ai donc pris les choses en mains, et c’est peu dire, car si un problème à sa solution, cela ne peut pas forcément plaire à tout le monde. Et pour éviter tout nouvel acte de vandalisme, j’ai pris soin de coller les pierres, dans leurs assises. Ainsi, elles ne bougeront pas de sitôt, ce qui évitera à quiconque de s’amuser à les balancer (ou au vent, dans le cas de la pierre de la petite Louise et celle de d'Ernest, qu'il aura fallut relever sur le socle). N’ayant pas encore complètement terminé les travaux, entre autres, il me reste à faire graver une plaque, pour y reproduire le texte de la tombe du jeune Ernest, que les gens n’arrivent pas à lire, vu la corruption de la pierre. Et comme il me restait à trouver un nom, à ce semis de rosier, et comme il est blanc pur, cela convenait à merveille, pour eux. La boucle était bouclée.