Voici une nouvelle roses d'ont l'identification, à défaut d'être exacte à 100%, faute de lithographie de l'époque est pourtant très certaine. C'est le fameux rosier trouvé sur la tombe du jeune Gabriel Julliot (1886), au cimetière Saint Eloi, à la Rochelle.
Le rosier alba sur la tombe de Gabriel Julliot (1886).
Cimetière Saint Eloi, Charente Maritime. Mi-juin 2019.
Lorsque j'ai découvert ce rosier, en juin 2016, il était dans un misérable état n'ayant pas été taillé depuis longtemps. Je le nettoyais et mis de l'engrais à la Toussaint 2017. Cela lui fera du bien, et un an après il était sorti plusieurs drageons, ce qui me permis d'en récupérer un premier à la Toussaint 2018, et depuis il en est sorti plusieurs autres.
L'arbuste monte à environ 1,30M., port divergent. Quelques aiguillons blancs, assez forts, crochus.
Feuilles à 5 folioles, ovales à sub-orbiculaires (presque rondes), serrature profondément dentée. Feuilles petites, d’un vert bleuté; légèrement bullées. Stipules allongées, à bases larges, gorges blanches et dentées. Pétiole fortement armé par quelques aiguillons blancs, et crochus, et de plusieurs autres, épars, petits et crochus. La nervure centrale des feuilles est aussi armée de minuscules aiguillons (sur le verso des folioles). Revers des feuilles blanc.
Le pédoncule est couvert de poils durs, courbés, et inerme en dessous de la bractée. Calice ovale-pyriforme hispide, de couleur orange corail à maturité. De rares graines dedans. Fleur pleine, s'ouvrant en coupe ronde, avant de s'ouvrir complètement à plat. Grosses rosette centrale et bouquet d'étamines dorées au centre. Pétales roses tendre à ouverture, devenant blancs poudrés de rose. Le parfum n'est pas très fort, mais il est bon, avec un fond d'agrume.
Sépales persistants, très développés, subulés (en pointes), parfois transformés en feuilles très découpées. Bord des sépales couvert de duvet blanc.
Mais qui peux être cette magnifique rose, qui une fois mise en culture s'est magnifiée. Les premières années, il lui fut donné le nom de « Souvenir de Gabriel Julliot ». On voit bien qu'il s'agit d'une alba hybridée, très ancienne et damassée. En regardant la rose alba 'Incarnata' type Sangerhausen, nous y voyons de grandes ressemblances, mais elles sont quand même différentes.
Ensuite, j'ai pris les listes d'alba et hybrides d'alba anciens, en supprimant toutes celles dont les caractères principaux ne collent pas, comme la forme de l'ovaire (digité, allongé, glabre...).
Nous trouvons aussi l'ancienne rose alba 'Elisa', 'Belle Elise' etc, de type 'Incarnata'. Botaniquement, elle et la rose « Souvenir de Gabriel Julliot » sont presque identiques, hormis un détail (pour 'Elisa'), qui est que le pédoncule est hispide au dessous comme au dessus des bractées. Gabriel Julliot n'est hispide qu'au dessus des bractées, en dessous la tige est lisse. De même 'Elisa' ne présente pas d'étamines.
'Elisa', 'Belle Elisa', 'Belle Elise, 'Elisa Blanche''. Origine très ancienne inconnue :
Description de Guerrapain, 1811 : Bois fort et vigoureux, d'un vert gai. Aiguillons courts, bruns, flexibles. Feuilles ovales, dentelées profondément, d'un beau vert. Calice allongé, recouvert d'aiguillons minces. Bouton ovale, recouvert des membranes de son calice. Fleur bien faite, double, sans étamines, de 2 à 3 pouces de diamètre, d'un joli rose tendre, pétales léger, petits, très frisés. Odeur douce et agréable, fleurissant au commencement de juin.
Description de Prévost, 1829 : Aiguillons droits, très longs. Pédoncule hispide au dessus comme au dessous des bractées. Ovaire ovoïde, ob-conique, hispide glanduleux. Fleur grande, pleine, carnée, à bords presque blancs.
De ce que j'en lis aussi dans les ouvrages anciens, la rose 'Elisa' avait donnée par semis, les variétés 'Jeanne d'Arc', en 1818, et 'Gabrielle d'Estrée' en 1819 (Jean-Pierre Vibert, Essais sur les roses, 1826) et elles sont classées dans les roses alba hybrides (damassées).
Ensuite, j'ai pris les listes des alba et hybrides d'alba anciens, en supprimant toutes celles dont les caractères principaux ne collent pas, comme la forme de l'ovaire (digité, allongé, glabre...). La rose 'Jeanne d'Arc', qui est toujours dans le commerce, ainsi que les descriptions, ne correspondent pas pour celle de Gabriel Julliot.
Et voici la description de la rose 'Gabrielle d'Estrées' : (Prévost, 1829). Folioles un peu bullées, glauques en dessus, velues en dessous. Ovaire turbiné-pyriforme. Fleur moyenne, pleine, ou très multiple, carné pâle, devenant blanche.
La veille d'écrire le livret, ayant compulsé beaucoup d'écrits, pris des notes, comparé celles ci, et allant me coucher, j'ai eu un déclic. Je n'avais pas fait le rapprochement entre les prénoms « Gabrielle et Gabriel ». Car si une très belle rose couleur chair ou blanche est très courante sur les tombes anciennes d'enfants ou de jeunes femmes décédés (là il s'agit d'un jeune homme), je n'avais pas pensé que les parents de cet infortuné garçon auraient pu planter une rose, dont la couleur va bien avec la fraicheur de la jeunesse, et portant un prénom si proche du disparu. Ainsi il s'agit de la rose 'Gabrielle d'Estrées'
Gabriel Julliot, décédé le 29 octobre 1886, au N°11 de la rue de L'Escalle à la Rochelle, âgé de 22 ans, né à Sainte Soulle. Nous savons par son livret militaire qu'il était atteint de tuberculose (bronchite chronique).
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Docteur Carl Gottlob Roëssig (1752-1806), les Roses. Allemagne.